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A la découverte de l'enseignement en ASH

10 décembre 2015

Un petit tour dans le monde des sourds...

Me voilà en remplacement depuis deux semaines dans un centre pour jeunes sourds et malentendants... Ils sont quand mêmes quasiment tous sourds sévères, voire profonds.

La réaction générale de mon entourage : mais comment tu fais ?

Eh oui, comment je fais ? Je ne connais pas la langue des signes, absolument rien. Mais je fais. Je fais depuis le début de l'année, j'observe et j'exécute, pas le choix.

Cela dit, je ne pensais pas apprendre autant de vocabulaire en si peu de temps; j'arrive maintenant à communiquer à peu près, entre signes approximatifs, mimes, gestes, écrits, et l'aide des entendants qui jouent à l'interprète.

Les élèves ne sont pas que sourds, ils ont aussi un léger retard scolaire, et pour la plupart, un profil SEGPA. C'est gratiné... je me suis sentie totalement impuissante et désespérée pour la première fois depuis le début de l'année... J'ai entrevu ce que je lis dans les témoignages des collègues débutants comme moi, le désespoir, l'envie d'abandonner, le dégoût face à l'absence d'aide et de reconnaissance. Heureusement pour moi, ce sentiment a duré très peu de temps. J'ai refait surface, et cela se passe mieux, je suis contente de voir la communication s'améliorer, et les élèves mieux m'accepter.

 

Mais ce qui me marque le plus dans tout ça, c'est le flou total dans lequel on peut se retrouver. Une interprète présente très ponctuellement (elle découpe son emploi du temps avec le centre pour adultes), une structure bien trop grande pour identifier réellement les personnes à prévenir et à solliciter en cas de problèmes (et ils sont récurrents), l'impression d'être seule, on me demande si ça va, que je réponde oui ou non rien n'est fait de toute façon... Et ça, c'est du côté enseignant.

Du côté élève, je trouve cela triste et dommage, pour ne pas dire regrettable voire scandaleux, de constater que les moyens ne sont pas mis en place pour ces élèves. Qu'ils n'aient pas la chance d'être face à des professeurs spécialisés avec qui la communication puisse se faire intégralement, qu'ils se retrouvent dans un contexte où le problème de langue prennent le pas sur la pédagogie. Ces gamins sont handicapés, et ce type de fonctionnement tend à les stigmatiser encore plus. C'est à nous, profs, de nous adapter à l'élève, et pourtant, là c'est aussi le rôle de l'élève. Ils sont déjà en retard, mais comment les faire réellement progresser sans travail en LSF ?

Des parents se plaignent, ce n'est pas normal qu'ils n'aient pas affaire à des profs spécialisés... s'ils savaient comme je suis d'accord. Ce n'est pas normal pour eux, ce n'est pas normal pour nous. 

Mais on n'a pas le choix. Alors comment fait-on ? On fait.

sourds2

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26 novembre 2015

Les moments youpi

L'année dernière, avec mes moyens-grands, j'étais à peu près TOUT LE TEMPS contente de bosser ; malgré la fatigue, malgré la tristesse, le stress, j'ai toujous été contente.

Avec l'ASH, et particulièrement les élèves de SEGPA, j'ai découvert les journées et les semaines en dents de scie. Je suis très surprise de constater qu'en l'espace de 10 minutes, je passe de l'agacement total à la sensation d'accomplissement, et ce plusieurs fois par jours.

Malgré les moments où j'ai l'impression que je vais exploser, les petits côtés positifs prennent le dessus. 

Comme le jour de mon annivesaire où les élèves m'ont apporté des chocolats, des cartes, des dessins.

Le dernier jour de mon remplacement, lorsque des élèves ont gardé une plante de l'atelier d'horticulture pour moi.

Quand le silence se fait, que je les capte, qu'ils m'écoutent, qu'ils posent des questions.

Quand il y a des moments de complicité.

Le jour où l'élève le plus pénible a pété un plomb, et qu'en lui parlant, j'ai vu son regard changer et son attitude se tranformer.

 

S'il y a 80% de moments négatifs pour 20% de positifs, je rentre chez moi avec les 20% en tête.

25 novembre 2015

Brigade ASH = double peine

labyrinthe

Être remplaçant, c'est arriver dans une classe où les élèves ont déjà leurs habitudes, et dont ils connaissent le prof, et l'apprécient (quoi qu'ils en disent). C'est se faire tester pendant un moment, même en faisant le gendarme, même en étant stricte. C'est mettre les limites tout de suite, parce que les élèves pensent souvent que remplaçant = vacances. Être remplaçant, c'est instaurer la meilleure relation en un minimum de temps possible; j'apprends à cerner, à comprendre, à prendre le maximum d'informations sur chaque élève pour être juste.

Être remplaçant en ASH, c'est arriver dans un milieu où les élèves sont déjà fragiles ; leurs vies sont souvent synonymes d'inconstance, les repères manquent, les frustrations abondent. Alors leur imposer un nouveau prof en plus, présent pour un temps donné, c'est ouvrir une faille qu'il faut vite refermer. Il faut rassurer, non je ne suis pas madame machin, non je ne fais pas comme elle, je fais autrement, mais ça ne sera pas mal. 

On n'est pas prof pour être aimé ? Ben si, un peu. Aimé peut-être pas, mais apprécié au moins. La nécessité d'un lien positif est indégnable.

 

J'ai toujours voulu être "maitresse". Et maitresse, ça voulait dire s'occuper d'enfants de 3 ans à 11 ans, dans une école primaire. Cette année, je me retrouve face à des collégiens, et même des lycéens puisque j'ai des CAP dans mon remplacements actuel. Je me prends l'adolscence en pleine face, la mauvaise foi, ces choses qui me paraissent étranges et débiles... Ce sont de jeunes individus, presque des adultes pour certains. Je n'avais pas signé pour ça, moi. Je m'étais même posé la question de l'enseignement dans le secondaire, mais l'idée de me retrouver face à des ados m'avait rebutée. Sauf que quand on se lance dans une carrière de PE, au départ, on ne s'imagine pas la multitude de postes possibles qui nous attend. On envisage des classes difficiles, des élèves affreux dans des zones redoutées, oui, mais des écoliers.

Alors quand j'annonce à mes proches que je suis en EREA ("c'est quoi ?!"), ou en collège ("mais t'es pas censée être prof dans les écoles normalement ?"), les incompréhensions sont les mêmes, et je dois toujours rééexpliquer. Et puis, les autres interrogations, du style "mais en fait t'es en ZEP ?". Voilà, ça illustre bien la non-connaissance de notre système éducatif... On nous parle tellement de ZEP, de REP, de REP+, et surtout, on stigmatise tellement toutes ces zones que si je dis "élèves en difficulté", on assimile ça à une ZEP.

Petit rappel : les "ZEP" sont remplacées par les REP, les réseaux d'éducation prioritaire, des réseaux qui sont désignés selon les revenus des familles et la réussite des élèves aux évaluations académiques, et pour lesquels sont attribués plus de moyens financiers et humains (on accorde aux profs des heures pour des réunions, des rencontres avec les parents, on limite le nombre d'élèves par école et établissement, on trouve mêmes des profs "surnuméraires" dans des écoles en REP+, des PE qui filent un coup de main aux collègues, qui prennent des petits groupes de besoins, et surtout qui soulagent un peu les profs...)

La SEGPA  (section d'enseignent général et professionel adapté), c'est une section particulière après le CM2, pour des élèves en grande difficulté scolaire, ayant déja redoublé (mais cette condition ne sera plus nécessaire à partir de la rentrée 2016)... ce sont des élèves qui arrivent au collège et pour qui on revoit les fondamentaux, on retravaille ce qui a pu être vu en primaire, et à qui on propose en plus une formation professionnelle, avec des ateliers pratiques et des stages, qu'ils découvrent petit à petit au fil des 4 années du collège, l'objectif après étant de les orienter vers un CAP qui correspond le mieux à leur profil.

 

Autant de détails que je connaissais pas il y a quelques mois, et que je découvre au fur et à mesure. Forcément, puisque tout ça, on ne me l'avait jamais expliqué, comme si l'idée de me retrouver dans le spécialisé était trop folle pour être mentionnée...

25 novembre 2015

Du manque de formation et d'information

question

Pourquoi l'ASH fait-il peur ? Parce que nous ne sommes pas formés. Pas du tout. Pendant la préparation de mon master, j'en ai à peine entendu parler. En tant que jeunes profs, on est protégés un an, pendant l'année de stage pour être titularisés. Après, c'est l'envoi au casse-pipe. On a beau le savoir on se voile un peu la face, on croit pouvoir passer à travers les mailles du filet.

Mais non. Brigade ASH, je ne savais pas ce que c'était encore quelques semaines avant de connaitre mon affectation. Comment m'imaginer dans des milieux totalement inconnus avec des pratiques inconnues face à des élèves aux troubles inconnus ?

Comment imaginer que des enfants, des aods, aux besoins vraiments particuliers, soient confiés à de jeunes profs à qui on a rien expliqué de tout ça ? A peine quelques heures théoriques. Merci internet, merci les blogs de profs, merci les forums pour les quelques conseils que j'ai pu pêcher ici ou là.

Il existe une formation, le CAPA-SH, pour se spécialier, mais c'est un choix de carrière réfléchi, c'est un engagement d'au moins 4 ans (1 année de préparation de CAPA-SH + 3 ans minimum dans l'ASH). Pour les non-spécialisés, c'est l'apprentissage sur le tas, encore plus que dans le milieu ordinaire, certaines choses qu'on se prend en pleine face.

La formation, l'information, c'est à moi d'aller les chercher.

25 novembre 2015

Le pourquoi du comment

Un blog, un blog de prof parmi les centaines qui existent (et qui m'aident, souvent)...

Je suis professeur des écoles novice, T1 cette année, et j'ai été nommée brigade ASH. Brigade, c'est remplaçant, ASH, c'est l'enseignement spécialisé pour les enfants en difficultés ou handicapés ; on y trouve les CLIS, les SEGPA, les ULIS, les IME, les ITEP, quelques CAP... en gros, l'ASH c'est la branche des acronymes, si fameux dans l'éducation nationale.

J'ai eu mon affectation en juin dernier, elle faisait partie de mes choix (le 28ème sur une liste de trente voeux, tout de même). "Tu vas être brigade ASH rattachée à un ITEP", oulà, alors remettons les choses dans l'ordre, ASH c'est quoi déjà ? Et un... un ITEP ? Le début des questions, inévitables face à l'inconnu total.

"Ca peut être difficile, accroche-toi et n'hésite pas à te faire arrêter", c'est ainsi qu'on me vend mon affectation. Bon. Je sais que ça sera différent, je sais que ça sera difficile, est-ce que cela sera nécessairement négatif ? Je prends mon affectation avec philosophie, à vrai dire j'ai presque hâte de découvrir de nouvelles choses, de nouveaux élèves, et de m'enrichir de toutes les expériences qui m'attendent.

Jusque là, j'ai fait 3 semaines en CE2-CM1, 3 semaines en CE1, 3 semaines en PS-MS, 3 semaines en TPS-PS. Et puis un an avec MA classe de maternelle, une année géniale entourée de mes moyens-grands. Alors forcément, passer de la maternelle au collège, l'écart est grand (et je ne suis pas très souple ! )

 

Aujourd'hui, après presque 3 mois dans ma fonction de brigade ASH, je décide d'ouvrir mon blog. Il n'a pas pour but de donner des conseils didactiques ni pédagogiques (du haut de ma non-expérience, je n'en aurais pas la prétention !), mais simplement de partager mes découvertes, mes joies et mes difficultés, mes moments de révélation... et pouquoi pas de partager avec des néo-titulaires comme moi, avec des jeunes profs qu'on envoie dans des milieux inconnus et craints.

 

ASH, en avant les histoires !

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A la découverte de l'enseignement en ASH
  • Jeune prof des écoles nommée en ASH (adaptation scolaire et scolarisation des élèves handicapés). Pas de conseils pédagogiques et pratiques, mais mes impressions et découvertes de novice... ASH, en avant les histoires :-)
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